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tea party - Page 2

  • De l’affaiblissement d’Obama et de son possible rebond

    La crise syrienne ne sera sans doute pas un des meilleurs souvenirs de Barack Obama lorsqu’il aura quitté la Maison blanche.

    De même que les multiples blocages politiciens des républicains extrémistes, incapables de faire passer l’intérêt de leur pays avant celui des intérêts des plus riches et, surtout, de leur haine du premier président afro-américain.

    Le «shutdown» («fermeture») de l’administration qui vient d’en résulter à

    Washington avec le refus des élus républicains du Congrès de voter les fonds nécessaires au fonctionnement des services publics (sauf s’ils avaient pu détruire en contrepartie la loi sur l’assurance santé, la fameuse «Obamacare») en est une nouvelle et désolante preuve avec la prise en otage de toute une nation par une frange extrémiste, celle du Tea Party.

    Mais alors que les opposants d’Obama pointent sa faiblesse à propos de la crise syrienne (ainsi que d’avoir remis en selle la Russie sur la scène internationale du fait de son indécision) voire du bras de fer avec l’Iran et son intention de se doter de l’arme atomique en ayant discuté avec le nouveau président du pays, Rohani, voilà que ces mêmes opposants l’accusent d’intransigeance et de dureté dans la crise du shutdown!

    Comprenne qui pourra.

    Toutes ces crises provoquées ou non par les ennemis des Etats-Unis et les adversaires de Barack Obama font dire à certains observateurs que le président des Etats-Unis est définitivement affaibli et que le reste de sa présidence risque d’être celle d’un canard boiteux (lame duck) bien avant l’heure.

    Il semble évident à première vue que c’est le cas.

    Néanmoins, ce serait oublié un peu vite que l’hôte de la Maison blanche a encore plus de trois ans de mandat et que ses affaiblissements supposés d’aujourd’hui, sont peut-être ses forces de demain comme l’estiment plusieurs experts.

    Bien sûr, il se peut qu’Obama échoue face à la hargne des républicains et à la volonté des adversaires de la démocratie de travailler à tout faire pour empêcher le monde d’être plus sûr.

    Mais il se peut également qu’il réussisse, que sa loi sur l’assurance santé permette réellement à des millions d’Américains, et pas seulement à ceux qui ne sont pas assurés, de pouvoir se protéger contre la maladie à un coût acceptable tout en évitant – et il faut rappeler avec force qu’il s’agit d’un des objectifs prioritaires de cette loi – que le système n’implose pas à cause de coûts prohibitifs comme cela est prédit par les spécialistes qui savent que seule une régulation peut l’éviter et qui est contenue dans «Obamacare».

    De même, il est possible qu’après avoir mis fin aux conflits en Irak (illégitime) et en Afghanistan (légitime), il réussisse à renouer un vrai dialogue constructif et suivi de décisions concrètes avec l’Iran.

    Sans oublier une nouvelle phase de paix entre Israël et les Palestiniens, tout en trouvant une solution acceptable au conflit en Syrie où un dictateur sanguinaire tue son peuple pendant que des groupes terroristes aussi violents tentent de prendre le contrôle du pays pour en faire une base de combat contre l’Occident.

    Quant aux rapports avec la Chine, le «pivot» de sa politique étrangère vers l’Asie pour aider les voisins inquiets de la montée en puissance de l’agressivité de l’Empire du milieu permettra peut-être de stabiliser une région qui court à grande vitesse vers des périodes et des séquences de tensions extrêmes.

    De son côté, l’économie sera peut-être repartie sur un rythme de croisière qui permettra au chômage de baisser fortement et de faire entrer les Etats-Unis mais aussi le monde dans une nouvelle ère de développement.

    Enfin, l’urgence de mettre en route une vraie politique environnementale qui était un des objectifs de son premier mandat pourra peut-être se réaliser avec la lente prise de conscience des Américains qu’il faut agir, prise de conscience dont l’Administration Obama est en partie responsable.

    On ne parle même pas des possibilités de faire passer une loi sur l’immigration indispensable pour donner un nouveau souffle à un pays qui a réussi grâce à l’arrivée et l’assimilation de millions et de millions de personnes et sur celle, morale, concernant un meilleur contrôle des armes à feu.

    Si Barack Obama parvient à réaliser la moitié de ce que l’on vient de parler, alors son affaiblissement actuel n’aura été qu’un trompe-l’œil d’une politique résolument tournée vers la réforme et le consensus.

    Une politique centriste qui, comme il convient de le rappeler sans cesse, a des ennemis déterminés de chaque côté de l’échiquier politique et chez tous les régimes autoritaires et dictatoriaux.

    Quoiqu’il en soit, que l’on ne s’y trompe pas, Barack Obama ne navigue pas à vue mais a des objectifs précis, une méthode de gouvernement pour y parvenir structurée et une grande volonté.

    Et on le constatera si les Américains lui donnent à nouveau une majorité à la Chambre des représentants en 2014 lors des élections de mi-mandat, ce qui est loin d’être une vue de l’esprit tant les républicains lassent la population avec leur guerre stérile et incessante à son encontre.

    Alexandre Vatimbella

     

     

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  • Etats-Unis 2016: En attendant Hillary

    Les médias américains qui veulent de plus en plus avoir une élection d’avance, fourmillent de reportages, d’articles et de commentaires sur la prochaine présidentielle de 2016 et, surtout, sur la probable candidature à la primaire démocrate d’Hillary Clinton.

    Ancienne première dame (surtout ancienne principale conseillère de Bill, son mari président), ancienne sénatrice de New York, ancienne candidate malheureuse à la primaire de 2008 face à Obama (et, alors, ancienne favorite qui, il ne faut pas l’oublier, avait réuni plus de voix qu’Obama mais avait été battue à cause du mode de désignation du candidat démocrate), ancienne secrétaire d’Etat du même Obama de 2009 à 2013, son parcours politique est bien rempli et beaucoup de politiques s’en contenterait.

    Mais Hillary Clinton poursuit un double but: son ambition qui a toujours été grande (on dit que c’est elle qui était la plus capable de devenir président dans son couple avec Bill) et l’ambition de voir, enfin, une femme comme président(e) des Etats-Unis.

    Pour autant, rien n’est gagné pour elle si elle se décide à se présenter.

    Si elle possède déjà un grand avantage sur tout autre candidat démocrate en vue de la primaire et tout candidat républicain lors de la présidentielle, elle devra démontrer qu’elle n’est pas trop âgée pour le poste, qu’elle propose un programme consistent et non qu’elle est «juste» une femme.

    Sans oublier son positionnement centriste depuis toujours et encore plus marqué que celui d’Obama.

    Concernant son âge (elle aura 69 ans en 2016), il s’agit actuellement de l’angle d’attaque de nombreux républicains pour la disqualifier. Mais comme le note le site Politico, cela pourrait bien se retourner contre ces derniers.

    D’une part, parce que les séniors pourraient, dans les Etats-clés où ils sont nombreux (Floride, Ohio), voter pour elle et la faire gagner haut la main. D’autre part, parce que rien n’indique actuellement que cet argument pourrait avoir un effet négatif sur l’électorat en général (69 ans au XXI° siècle n’est pas «vieux»).

    Rappelons, en outre, que l’icône de la quasi-totalité des républicains d’aujourd’hui, est Ronald Reagan qui fut le candidat le plus vieux à être élu président des Etats-Unis et qui prit ses fonctions à 70 ans en 1981…

    Et puis, l’électorat américain est majoritairement féminin. Les Américaines verraient sûrement d’un mauvais œil que l’on essaye de jouer sur l’âge d’Hillary Clinton, ce qu’elles assimileraient à une façon détournée pour les misogynes et autres antiféministes de ne pas parler ouvertement de son sexe (comme certains racistes en 2008 parlaient de l’incompétence de Barack Obama).

    Bien évidemment, Hillary Clinton devra éviter d’être seulement une candidate. Même si cela lui rapportera un soutien puissant au-delà de l’électorat démocrate et même «independent», ce positionnement peut être, in fine, un désavantage si les Américains ne la voient uniquement que comme quelqu’un qui se définit par son sexe féminin.

    Mais ce reproche ne sera sans doute pas à l’ordre du jour quand on connaît son parcours politique et son implication forte dans la politique américaine par ses prises de position, par ses actes et par ses propositions.

    Une des forces d’Hillary Clinton est certainement son centrisme qu’elle a toujours affiché et revendiqué. Elle est ainsi capable de réunir sur son nom de nombreux «independents» (électeurs qui se disent ni démocrates, ni républicains) ainsi que nombre de républicains modérés (d’autant plus si le Parti républicain se choisit un candidat très à droite, ce qui est une probabilité non-négligeable).

    Pour autant, Clinton qui peut être définie comme plutôt progressiste en matière sociétale, plutôt conservatrice en matière économique et plutôt «faucon» en matière de politique étrangère, sera sans doute contestée par une partie de l’aile gauche du Parti démocrate qui l’avait déjà attaquée durement lors de la primaire de 2008 face à Obama, l’accusant d’être trop à droite (son vote en faveur de la guerre en Irak est un des thèmes récurrents utilisés par les «liberals» même si elle a expliqué que si elle avait connu la réalité exacte de la situation, l’absence d’armes de destruction massive par Saddam Hussein, elle ne se serait pas prononcée en faveur d’une attaque militaire).

    De l’autre côté, nul doute que les tenants du Tea Party (droite extrême), mettront en avant son soutien à de nombreuses causes comme le mariage homosexuel ou l’avortement.

    Quoiqu’il en soit, et même si son taux de popularité a baissé ces dernières semaines, Hillary Clinton demeure la favorite pour l’élection de 2016.

    Si elle parvenait à l’emporter, non seulement elle serait la première «Madam the President» mais elle serait une présidente centriste qui se situerait dans un prolongement de la présidence de Barack Obama sans en être, toutefois, son héritière.

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Comment le Centre doit réagir à la «radicalisation» de la droite

    C’est un grand classique: un parti de gauche ou de droite qui se retrouve dans l’opposition est toujours plus idéologiquement marqué que lorsqu’il est au pouvoir. Normal, il se doit de réaliser une introspection après ses défaites électorales afin de retrouver ses racines et ses fondamentaux qui lui permettront de réaffirmer sa personnalité propre et de redynamiser sa base militante et ses sympathisants.

    Aux Etats-Unis ce fut le cas des démocrates après 2000 et c’est le cas du Parti républicain actuellement. Certains avancent même qu’aujourd’hui Ronald Reagan et George W Bush, deux anciens présidents pourtant accusés d’avoir été idéologiquement très à droite, n’auraient plus leur place dans la parti républicain tellement celui-ci a évoluer vers sa droite, sous l’influence du mouvement du Tea Party, afin de se présenter comme inflexible sur ses principes!

    En France, ce fut le cas du PS après 2001, c’est le cas de l’UMP depuis 2012.

    Néanmoins, au-delà de ce ressourcement idéologique «naturel» du à l’éloignement du pouvoir et à l’absence d’obligation de devoir gouverner de manière pragmatique et pour tous les Français, on peut se demander si ce que certains appellent la radicalisation de la droite française n’est pas plus profonde cette fois-ci, suivant en cela ce qui se passe dans la plupart des pays démocratiques, du Japon (avec Shinzo Abe) aux Etats-Unis (avec Paul Ryan ou Rand Paul) en passant par le Royaume Uni (avec David Cameron).

    D’autant qu’une forte résurgence nationaliste concurrence ces grands partis conservateurs sur leur flanc droit, avec le Front national en France, l’UKIP en Grande Bretagne ou le Tea Party aux Etats-Unis, suscitant d’ailleurs des débats houleux sur une possible alliance avec ces divers mouvements extrémistes.

    De ce point de vue, le discours de Jean-François Copé qui emprunte aux thématiques et à la rhétorique au Front national est assez emblématique de ce repositionnement de la droite, de même que les sorties médiatiques d’un Guillaume Peltier, ancien militant du Front.

    Non pas que cela soit nouveau à l’UMP si l’on se rappelle que Nicolas Sarkozy, pour affaiblir durablement le FN, avait repris les principaux thèmes du parti de Jean-Marie Le Pen afin de démontrer que la droite classique pouvait s’occuper de toute cette population en déshérence et de ses préoccupations.

    A l’opposé, il ne faut pas oublier qu’il existe une aile de l’UMP qui se bat contre les connivences et les possibles alliances entre droite et extrême-droite, emmené par François Fillon, notamment, mais aussi par Jean-Pierre Raffarin, pourtant allié à l’intérieur du parti à Jean-François Copé…

    Devant cette situation, quel doit être le positionnement des partis centristes?

    On se rappelle que lors de la dernière présidentielle, au moment où Nicolas Sarkozy a joué son va-tout face à François Hollande en droitisant parfois à l’extrême ses propos, ses alliés centristes tels Jean-Louis Borloo, Hervé Morin, Jean-Christophe Lagarde ou François Sauvadet, tous aujourd’hui membres éminent de l’UDI, ne se sont guère émus de ceux-ci, allant même jusqu’à les justifier.

    En revanche, François Bayrou et ses lieutenants du Mouvement démocrate avaient réagi vivement en condamnant ce qu’ils considéraient comme des dérapages préoccupants.

    Depuis, l’UDI a semble-t-il adopté majoritairement (mais pas unanimement, voir à ce sujet certaines déclarations d’Hervé Morin ou des membres du CNIP, parti membre de la confédération) un discours de défiance vis-à-vis de ces fameux dérapages à répétition comme ceux de Jean-François Copé, revenant à un positionnement beaucoup plus centriste.

    De son côté, le Mouvement démocrate puise dans cette radicalisation d’une partie de l’UMP la raison de son opposition actuelle à la droite et de son appel à voter François Hollande contre Nicolas Sarkozy aux dernières présidentielles.

    Cependant, il ne faudrait pas tomber dans l’excès inverse ce qui s’est parfois produit, tant du côté de l’UDI que du Mouvement démocrate.

    On n’enfoncera pas ici une porte maintes fois ouverte sur le fait que le Front national peut poser les bonnes questions mais en y donnant les mauvaises réponses.

    En revanche, adopter par principe une position soi-disant «modérée» ou «équilibrée» sur un certain nombre de problèmes qui touchent au fondement même de la démocratie républicaine , à la liberté, au respect, à la tolérance et au juste équilibre, ce n’est pas avoir un positionnement centriste mais plutôt une position de faiblesse face aux attaques de notre modèle de société en acceptant qu’il soit considéré comme amendable sans fin face à des revendications communautaires ou autres de groupes et de lobbies.

    Nous nous trouvons alors dans un relativisme et un renoncement qui, autrefois, nous ont amené à accepté qu’aux portes de la France, il y ait des régimes dictatoriaux qui ont semé la misère, la désolation et la mort dans le monde entier.

    In fine, le comportement des centristes devant les manifestations de cette radicalisation d’une partie de la droite doit être de la condamner fermement, de la contrer par un discours des valeurs à chaque fois qu’elle se manifeste ainsi que de rappeler sur quels principes se fonde cette condamnation.

    Mais celle-ci doit être faite sans tomber dans la critique systématique de la droite toute entière, ce qui serait totalement stupide, contreproductif et ne correspondrait pas à la réalité d’une droite qui, fondamentalement, n’est pas assimilable l’extrême-droite.

    De même, lorsque la radicalisation de la gauche se manifeste, les centristes doivent tout aussitôt la condamner et la contrer.

    Rappelons avec force que le Centre s’oppose à tout extrémisme. Ainsi, si l’alliance UMP-Front national est inconcevable avec une alliance centriste, c’est également la même chose pour une alliance PS-Front de gauche.

    Alexandre Vatimbella

     

     

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  • Obama II: vers des réformes ou un blocage?

    L’état de grâce n’est décidément plus ce qu’il était, que ce soit en France ou aux Etats-Unis et, plus généralement, dans l’ensemble des pays démocratiques.

    Nous sommes désormais dans l’ère du tout, tout de suite, dans celle du toujours plus et dans celle l’immédiateté médiatique qui empêchent le plus souvent la mise en place de politiques structurelles à moyen et long terme qui ne donnent pas de résultats à court terme.

    Résultat, les cotes de confiance sondagières s’effondrent à une vitesse de plus en plus subsonique, ce qui permet une remise en cause d’élections par une soi-disant démocratie directe qui n’est en réalité qu’un populisme de mauvaise humeur excité par des démagogues qui ne sont pas forcément des extrémistes.

    La contestation politique se focalise alors sur la légitimité d’un pouvoir démocratique par la rue et des mouvements qui s’érigent en contre-pouvoirs autoproclamés (soutenus souvent dès le départ par des formations politiques de l’opposition) tels le Tea Party aux Etats-Unis ou celui contre le mariage pour tous en France.

    Si François Hollande connaît trop bien cette nouvelle donne, Barack Obama aussi (même si sa situation personnelle n’a rien à voir), avec, malgré tout, l’exception notable d’une économie américaine qui va bien mieux que l’économie française en témoigne encore un taux de chômage à son plus bas depuis 2008 alors que celui-ci explose en France.

    Ainsi, le voilà à nouveau bloqué par les républicains à la Chambre des représentants mais aussi au Sénat (alors que les démocrates y sont majoritaires) avec des médias qui se demandent si son second mandat ne sera pas celui d’un président incapable de mettre en route quelque réforme consistante que ce soit comme ce fut souvent le cas pour les président réélus avant lui.

    Si l’on analyse ses priorités (installer l’assurance santé après le vote de la loi en 2009, mettre en place une politique de l’immigration plus efficace, restreindre les ventes d’armes les plus dangereuses, réduire les déficits publics, réformer la fiscalité pour la rendre plus juste et plus efficace, adopter une politique énergétique volontariste couplée avec des objectifs environnementaux majeurs), il est fort possible qu’il ne puisse pas faire grand-chose.

    Sans oublier tous les problèmes qui vont apparaître sans prévenir dans les quatre ans à venir en particulier sur la scène internationale ou en matière de terrorisme et qui seront peut-être encore plus difficile à gérer plus son mandat arrivera à son terme.

    Reste que le blocage est une possibilité mais que la résolution de certaines de ces priorités l’est tout autant.

    Dans la configuration actuelle (qui a été souvent celle des présidents américains), il s’agit d’un rapport de force entre l’exécutif et le législatif. Et dans cette confrontation, Barack Obama possède trois atouts majeurs.

    Le premier atout est qu’il est nettement plus populaire que le Congrès et, notamment, que la Chambre des représentants dominée par les républicains dont les Américains estiment qu’elle fait de l’obstruction systématique.

    Dès lors, la faute à la paralysie de Washington est attribuée par une majorité d’Américains aux républicains qui savent pertinemment qu’ils ne peuvent pas faire de cette obstruction une arme anti-Obama sans qu’elle se retourne contre eux à un moment ou à un autre.

    Ainsi, leur refus de la loi sur l’assurance santé («Obamacare» dont la Chambre des représentants va voter une nouvelle fois sa suppression qui sera sans conséquence puisque le Sénat ne suivra pas et qu’Obama, de toute façon, dispose d’un droit de véto) est à double tranchant car cette reforme, si elle est majoritairement impopulaire pour l’instant, contient nombre de dispositions approuvées par l’ensemble des Américains qui y voient des avancées sociales majeures.

    Quant au contrôle plus efficace des armes à feu demandé par 92% des Américains mais rejeté par le Sénat, la mesure n’a même pas été discutée par la Chambre des représentants, ce qui pourrait valoir quelques mauvaises surprises aux sortants républicains (représentants et sénateurs) lors des élections de mi-mandat en 2014…

    Sans parler des coupes automatiques dans les dépenses («sequester») qui ont été mises en route après que les républicains aient refusé de s’entendre avec le président sur une gestion des déficits publics et une réorganisation de la fiscalité.

    Le deuxième atout est que les républicains sont obligés de s’ouvrir aux revendications d’une population de plus en plus métissée pour pouvoir espérer remporter la prochaine présidentielle (même si la candidature probable d’Hillary Clinton risque de leur rendre la tâche extrêmement compliquée).

    Ainsi, s’ils veulent attirer la majorité des votes des latinos et des asiatiques, indispensable pour espérer remporter la Maison blanche, ils doivent adopter une approche plus positive sur l’immigration, sujet majeur d’Obama.

    Le troisième atout est une embellie réelle de l’économie américaine (même si elle doit être pérennisée et produire plus de croissance) qui crédibilise le discours et l’action de Barack Obama.

    Bien entendu, il lui faut bâtir une stratégie gagnante pour que ces atouts produisent leurs effets. Or, après avoir remporté les dernières présidentielles, il a pu, pendant quelques semaines, les utiliser efficacement pour faire avancer son «agenda» (programme).

    Mais le fait que des mesures de contrôle plus stricts sur la vente d’armes à feu n’aient pu être votées alors que Barack Obama s’était engagé fermement en leur faveur a démontré que rien n’était gagné d’avance et qu’il allait devoir batailler dur pour obliger les républicains à des compromis, tout en espérant regagner la majorité à la Chambre des représentants en 2014, tout en ne perdant pas celle au Sénat.

    Le challenge est donc relevé. D’autant que Barack Obama continue de vouloir construire un consensus large autour de ses politiques centristes, ce qui ne lui facilite pas la tâche.

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Les centristes ne doivent pas jouer la politique du pire

    Lors de l’élection présidentielle, nous savions, nous Français, mais surtout, nous, centristes, que les temps étaient particulièrement difficiles et nous le disions et le répétions, appelant le pays à une prise de conscience et les politiques à la responsabilité.

    Nous proclamions, également, qu’il faudrait, quel que soit le président qui allait être élu, mettre en place, avec la rigueur nécessaire mais en évitant l’austérité destructrice, d’importantes réformes et des mesures drastiques qui auraient déjà du être prises depuis des années, sur fond de manque de croissance, de chômage en hausse, de déficits publics croissants, de crise de l’euro et d’Union européenne en panne. Le tout avec un pays qui doute de lui, le manque de confiance étant un handicap bien plus fort que tous les autres.

     

    Presqu’un an après la présidentielle, nous y sommes jusqu’au cou.

     

    François Hollande a, dans ce cadre, pris de nombreuses décisions dont beaucoup difficiles pour un homme politique et sa popularité. Sans parler de son appartenance à un Parti socialiste qui sait depuis longtemps que des réformes sont indispensables mais qui était jusqu’alors incapable de s’y rallier de peur de perdre son électorat.

     

    Beaucoup de ces décisions auraient du être prises de toute façon par n’importe quel président à la tête du pays, de Droite, du Centre et même des extrêmes.

     

    Dès lors, même si certaines n’ont pas été aussi profondes qu’il l’aurait fallu, ne pas les supporter pour des raisons idéologiques et électoralistes, c’est jouer contre la France.

     

    C’est une faute politique que le pays paiera à un moment donné.

     

    S’y opposer c’est manquer ce moment historique où, enfin, de la Droite à la Gauche, en excluant les extrêmes, un consensus pourrait se faire jour, et dans la population, et chez les militants politiques, sur la réforme, même sur des mesures dures mais que nous savons incontournables si nous voulons bâtir un avenir meilleur à défaut d’un présent radieux.

     

    Dans ce cadre, il faut saluer les propos de François Hollande sur une «société apaisée» et de «réconciliation», deux termes chers aux centristes qui montrent un ralliement à leur vision de la démocratie.

     

    Bien sûr, tout n’est pas parfait, loin de là, dans le gouvernement de la France.

     

    Par exemple, faut aller beaucoup plus loin dans la libération des énergies créatrices. De même, sur certaines questions de société, des décisions très dangereuses sont prises ou sur le point de l’être concernant l’adoption d’enfants par les couples gays ou l’utilisation des cellules embryonnaires.

     

    Bien sûr, les intentions ne sont pas toujours très claires comme pour les retraites aves des déclarations contradictoires entre François Hollande qui parle d’allongement des cotisations donc d’un départ plus tardif et son premier ministre, Jean-Marc Ayrault, qui dit le contraire.

     

    Bien sûr, la «centrisation» de François Hollande n’est pas partagée par une part importante du Parti socialiste.

     

    Dans ce contexte où il faut que tout le monde soit sur le pont, une grande partie de la Droite a malheureusement décidé de jouer la politique du pire avec une opposition frontale qui rappelle sur bien des aspects celle, aux Etats-Unis, du Parti républicain, et notamment de sa frange populiste le Tea Party, qui, depuis plus de quatre ans, a opté pour une guérilla politique et médiatique sans concession contre Barack Obama sur tout et n’importe quoi, lui déniant même la légitimité d’être au pouvoir comme cela est le cas en France sur de nombreux sites et blogs de sympathisants et membres de l’UMP pour François Hollande.

     

    Les médias qui supportent cette droite «décomplexée» de plus en plus radicalisée, tel le Figaro (dont pas un jour sans que la «une» ne soit consacrée aux déboires et à l’incompétence de François Hollande), s’inspirent de plus en plus de Fox News et de ses critiques dures et systématiques à l’encontre du président américain en oubliant que la mission première d’un journaliste n’est ni de dresser des louanges, ni de faire de la critique systématique mais de dire ce qui se passe.

     

    Il est dommage que nombre de centristes se soient alignés sur cette stratégie, en particulier l’UDI et son chef, Jean-Louis Borloo (le Mouvement démocrate et François Bayrou jouant un jeu plus trouble fait d’approbations et de critiques pour se ménager tous les avenirs possibles).

     

    Depuis des années que les centristes demandent des réformes indispensables pour remettre le pays dans le bon sens mais qui, mises en œuvre, ne seront évidemment pas populaires, ce n’est pas pour crier avec la meute quand cela se produit, que cela vienne de la Gauche ou de la Droite.

     

    De la même façon que les centristes ont applaudi à la réforme des retraites de Nicolas Sarkozy même si elle était trop molle, il leur faut reconnaître les efforts fait par François Hollande même s’ils demeurent largement perfectibles.

     

    Non pas qu’il faille prôner aujourd’hui une union nationale qui na pas lieu d’être mais seulement espérer un consensus national sur les problèmes les plus urgents dont on sait qu’il n’y a pas trente-six solutions pour les régler.

     

    Non pas que les centristes doivent former une coalition avec le Parti socialiste, ni dresser des louanges excessives à François Hollande, ce n’est pas à l’ordre du jour. Mais s’ils représentent les forces de la responsabilité, du consensus et de l’équilibre, alors il faut qu’ils le montrent dans leurs discours et dans leurs actes en critiquant de manière constructive quand cela est nécessaire et en approuvant honnêtement quand cela est le cas, le tout en alimentant, sur le fond, le débat politique.

     

    Actuellement, on en est loin.

     

    Les partis centristes ne devraient pas tomber dans le piège tendu par l’extrême-droite et par la frange la plus intolérante de l’UMP, mener une attaque frontale contre la légitimité du pouvoir républicain. François Hollande a été élu démocratiquement et quoi que disent les sondages, ils ne sont évidemment pas de la même nature qu’une élection dans une démocratie.

     

    Qu’une droite dure et peu démocratique (ainsi qu’une gauche de même acabit menée par le Front de gauche) saute sur l’occasion pour attaquer le régime démocratique, ce n’est pas étonnant.

     

    Que de nombreuses personnalités de la droite démocratique la suivent, voilà qui est inquiétant.

     

    Mais il ne peut être question pour les centristes de jouer cette partition. A défaut, pour ceux qui s’enfonce dans cette irresponsabilité politique, de n’être plus du Centre.

     

    Car c’est dans les temps difficiles que l’on attend des partis centristes qu’ils œuvrent pour le bien du pays tout entier et non pas pour un camp ou des clientélismes particuliers.

     

    On n’est pas défenseur du juste équilibre pour rien.

     

    C’est ça aussi la grandeur d’être du Centre.

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • Le Centre italien balayé par les populismes

    Avec 10% des voix, le Centre est le grand perdant des élections italiennes alors que le «Mouvement 5 étoiles» du comique populiste Beppe Grillo en est le grand vainqueur, sans oublier… le populiste en chef, Silvio Berlusconi, auteur d’un retour improbable avec des promesses intenables.

     

    Bien sûr, c’est le Parti démocrate (centre-gauche) et ses alliés qui ont remporté la majorité à la Chambre des députés mais pas au Sénat, ce qui bloque tout puisqu’en Italie un gouvernement doit absolument obtenir la confiance dans les deux assemblées pour diriger le pays.

     

    Ces résultats inquiétants doivent être néanmoins appréciés, d’une part, sur un temps plus long et, d’autre part, par rapport à la situation économique et sociale des pays occidentaux.

     

    Ainsi, il ne faut pas oublier que le populisme en Italie n’est pas récent. La «Ligue du Nord pour l’indépendance de la Padanie» (territoire situé autour du Pô) créée par Umberto Bossi, alliée au parti de Berlusconi, date de 1989. Son but avoué est, à terme, de séparer le Nord de l’Italie, riche et industriel, du Sud, le fameux «Mezzogiorno», considéré par les supporters de la Ligue comme pauvre et sous-développé. Et, à l’instar des diatribes du comique Beppe Grillo, elle fustige depuis toujours les politiciens de Rome présentés comme des «voleurs».

     

    De son côté, Silvio Berlusconi est entré en politique en 1993 avec son parti Forza Italia et il a pratiqué, dès le début, un populisme tous azimuts où il a promis n’importe quoi et son contraire pour se faire élire et réélire, sans oublier ses propos bienveillants sur Mussolini et le fascisme.

     

    De ce point de vue, le populisme du «Mouvement 5 étoiles» de Grillo semble bien moins dangereux même s’il tape, comme les deux autres, sur la classe politique en promettant un grand nettoyage (un de ses slogans était de renvoyé les sortants «a casa», à la maison). Mais il avance aussi des propositions sérieuses et réalistes.

     

    Reste qu’il fait partie d’un mouvement beaucoup plus large que l’on voit, soit émerger, soit se renforcer dans la plupart des pays occidentaux depuis le déclenchement de la crise économique et financière de 2007.

     

    Rien de très différent, en effet, entre son mouvement et ceux qui, par exemple, ont enflammé récemment les Etats-Unis (Tea Party à droite et Occupy Wall Street à gauche), l’Espagne (les Indignatos anticapitalistes de la Puerta del Sol à Madrid), la Grande Bretagne (le UK Independence Party ou UKIP antieuropéen et anti-immigrés), la Grèce (Chrissi Avghi ou Aube dorée à l’extrême-droite et le parti de la gauche radicale avec son leader Alexis Tsipras) ou la France (Front national et Front de gauche). Et la liste est loin d’être limitative…

     

    Si certains de ces mouvements sont à gauche, voire à l’extrême-gauche, d’autres à droite ou à son extrême, tous se disent antisystème, anti-establishment, antilibéral et flattent le «peuple» qui devrait (re)prendre le pouvoir.

     

    Si on se place dans ce contexte, la comparaison faite en France entre Beppe Grillo et l’épopée tragico-comique de Coluche lors de la présidentielle de 1981 n’a aucune pertinence.

     

    Evidemment, dans ce panorama, ce qui fait la particularité italienne est que les élus de Beppe Grillo représentent désormais (que ce soit à la Chambre des députés ou au Sénat italiens) 25,5% des voix et la première force politique du pays (puisque tant la droite que la gauche qui le devancent étaient représentées par des coalitions). C’est là une nouveauté, due évidemment à la crise économique redoutable que connaît l’Italie mais aussi à un monde politique transalpin qui n’a pas été capable de faire les réformes nécessaires afin de sortir d’un archaïsme ainsi que de combines et de prébendes qu’il paye cash et sur lesquels déjà Berlusconi avait surfé pour parvenir au pouvoir.

     

    Cela dit, on ne peut pas parler de discrédit de la politique ici comme ailleurs car les populations occidentales sont souvent en attente de vrais débats politiques avec des vrais projets et de vraies décisions.

     

    Face à cette situation, Mario Monti n’a pas su être l’homme du rassemblement. Pour sa défense, sa tâche, pour absolument nécessaire qu’elle était, était également extrêmement difficile, voire impossible. Néanmoins, une approche plus «conviviale» lui aurait sans doute permis de trouver plus de soutien et être moins attaqué comme un technocrate froid et sans aucune compassion pour ceux qui souffrent à cause de cette crise. Reste qu’il s’agit plutôt d’un problème de tempérament d’un homme que d’une «caste technocratique» en l’espèce même si, plus généralement, le discours politique de mettre toutes les difficultés sur le dos des «technocrates» européens insensibles recèle un énorme danger à terme pour l’Union européenne mais aussi pour chacun des pays qui la compose.

     

    De son côté, La France n’est évidemment pas à l’abri de l’émergence d’un tel mouvement, son histoire politique le prouve amplement. Il suffit de rappeler un des mouvements populistes les plus récents, le poujadisme dans les années cinquante avec l’émergence alors d’un Jean-Marie Le Pen qui est demeuré un des représentants «antisystème» de la politique française jusqu’à ce jour.

     

    Et n’oublions pas que, lors de la présidentielle de l’année dernière, le «vote protestataire» (Front national + Front de Gauche) a représenté 29% avec les deux candidatures populistes de Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon alors que Beppe Grillo et ses «grillinis» n’ont eu «que» 25,5% des suffrages…

     

    En revanche, la Constitution de la V° République et la loi électorale qui en découle ne permet pas une situation «à l’italienne» avec le blocage qui résulte des élections de dimanche et lundi derniers.

     

    Il y aura toujours des mouvements populistes dans les démocraties mais il est évident que leur puissance vient avant tout d’une situation difficile vécue par les pays avancés et beaucoup moins par le manque de vertu du monde politique. En période de croissance forte, le personnel politique n’est pas plus vertueux qu’en période de crise mais cela est moins ressenti comme un scandale par les populations. La confiance reviendra, en partie, avec une embellie économique.

     

    Cela dit, ces mouvements populistes sont un danger réel pour la démocratie de par leurs raccourcis mensongers mais ravageurs qui ont pour but de discréditer un système, selon eux, inadapté.

     

    L’efficacité de ces raccourcis auprès de la population écorne l’image de la démocratie représentative et peut conduire à un rejet de ses règles considérées comme un jeu de dupes dont sont victimes les simples citoyens, souvent présentés comme des victimes bernées et non comme des acteurs responsables.

     

    Pour autant, cette menace est constitutive de l’existence même de la démocratie.

     

    Ces mouvements peuvent néanmoins être également à l’origine d’une prise de conscience de cette même démocratie qui doit en permanence se régénérer et lutter contre une tendance oligarchique.

     

    Cependant, le monde politique n’est pas cet univers totalement cynique avec des élites coupées des réalités que l’on présente dans certains médias. Souvent, les hommes et les femmes politiques vivent le discrédit qui les touche comme une sorte d’injustice parce qu’ils tentent réellement de faire bouger les choses.

     

    Mais, paradoxalement, dans un monde de communication, ils sont incapables, non pas de faire de communiquer mais de bien communiquer avec leurs électeurs, c’est-à-dire d’établir un dialogue constructif, fait d’échanges qui permettent, à la fois, une pédagogie et une confrontation des idées et des attentes.

     

    Reste que la démocratie de ce XXI° siècle demande aussi un autre rapport entre les dirigeants et les dirigés du fait de l’autonomisation grandissante des individus née de l’approfondissement démocratique. Il faut donc trouver un nouveau modèle basé sur une participation plus grande d’individus acceptant leurs responsabilités, qui même s’il est déjà largement conceptualisé par nombre de penseurs politiques, a du mal à se concrétiser dans les faits. La confiance envers le politique ne reviendra que grâce ce renouveau qui prendra en compte ce que nous sommes devenus depuis plus de deux cents ans qu’existent les régimes démocratiques.

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

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  • Elections américaines: lors d’un choix de société, on choisit autant que l’on élimine

    On a beaucoup dit que le choix de Mitt Romney par les républicains était surtout une volonté de se débarrasser de Barack Obama et de tout ce qu’il représente, sachant que l’ex-gouverneur du Massachussetts était le candidat conservateur plus à même de réunir une majorité d’Américains sur son nom lors de l’élection du 6 novembre, plus que les hérauts de la droite extrême ou du Tea Party comme Rick Santorum ou Newt Gingrich, par exemple.

    Si cette équation est un peu moins vrai pour Barack Obama, il est évident que nombre d’électeurs de gauche vont voter pour lui - alors qu’ils le considèrent avant tout comme un centriste voire un homme de centre-droit - afin de surtout éviter le retour au pouvoir des républicains.

    D’où l’affirmation de certains qu’il s’agit d’un choix par élimination, voire de second choix, ce qui ne serait guère enthousiasmant pour la démocratie (on a dit la même chose pour François Hollande face à Nicolas Sarkozy en France).

    Mais, quand il s’agit de choisir entre deux candidats représentant chacun un projet de société spécifique, on choisit autant que l’on élimine.

    Et ceci n’est pas infâmant pour la démocratie.

    Car même si beaucoup de républicains savent déjà qu’ils seront déçus par un président Romney, de même, nombre de démocrates le sont déjà par la perspective d’une nouvelle présidence Obama.

    Sans parler des «independents» de droite et de gauche qui sont souvent très critiques pour les candidats de leurs camps respectifs, sans parler, évidemment, des centristes.

    Pour autant, leur décision de se rendre aux urnes et de se déterminer pour l’un ou l’autre des candidats démontrent leur intérêt pour cette élection et pour l’avenir de leur pays.

    On a dit, avec raison, qu’en 2008 l’élection d’un démocrate à la Maison blanche était une quasi certitude, non pas parce que leur programme était extraordinaire mais parce que les Américains n’en pouvaient plus de la présidence de George W Bush.

    La victoire de Ronald Reagan en 1980 fut, d’abord, un rejet de Jimmy Carter qui, lui-même, arriva au pouvoir en 1976 sur fond d’affaire Watergate et de démission de Richard Nixon en 1974 qui avaient discrédité les républicains aux yeux de l’opinion.

    Celui qui l’emportera le 6 novembre prochain ne sera donc pas un président par défaut.

    En revanche, il ne lui faudra pas oublier qu’il a été élu dans des Etats-Unis polarisés et avec une marge très réduite.

    S’il veut être le président de tous, il devra, quel qu’il soit, agir avec prudence et modération pour ne pas élargir le fossé entre l’Amérique rouge (républicaine) et l’Amérique bleue (démocrate), dans un pays encore fragile et doutant sur ce que sera son avenir.

    Il s’agira certainement d’un challenge encore plus difficile que d’avoir gagné l’élection et démontrera sa capacité à être ou non un grand président.

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Débat Obama-Romney ou la difficulté d’être Centriste

    Le premier débat de la présidentielle américaine a, parait-il, été remporté par Mitt Romney, le candidat d’un parti républicain très à droite.

    Pour ceux qui aiment le fond et qui n’ont pas peur de regarder cet exercice de style peu appétant (et nous recommandons à tous ceux qui ont écrit à chaud dessus de le regarder à nouveau), ils constateront que la performance de Mitt Romney est bien moins brillante et que la prestation de Barack Obama bien meilleure que ce qu’ils ont écrit ou dit.

    Pourquoi? Parce que le fond est bien plus profond dans les propos d’Obama et la forme est bien plus brillante dans ceux de Romney.

    Or, c’est bien le fond qui compte, in fine, en politique même si la forme est souvent louée et particulièrement mise en avant par les médias, notamment audiovisuels (d’autant plus, dans ce cas précis, qu’il leur faut «vendre» à tout prix la présidentielle comme n’importe quel divertissement à suspens afin de faire un maximum de taux d’audience et donc, en l’occurrence, de saluer plus que de mesure la bonne prestation du challenger qui était distancé dans les sondages permettant de relancer le plus possible l’incertitude du résultat).

    Plus profondément, nous avons assisté à une des difficultés que nous avons souvent pointées: la position centriste est toujours beaucoup plus ardue à expliquer et à défendre dans ce genre d’exercice où les opinions tranchées sont plus «percutantes» et où on se trouve attaqué par la Droite et la Gauche.

    Si l’on regarde les réactions à la prestation d’Obama, tout y est.

    Il a été trop professoral, disent les «pundits» (experts médiatiques) parce qu’il a essayé d’aller au fond des problèmes.

    Il a eu l’air de s’embêter, disent les commentateurs, parce qu’il a essayé de ne pas sacrifier le fond pour la forme.

    Il n’a pas assez fait de «rentre dedans» vis-à-vis de Romney disent les conseillers en communication (et les démocrates de gauche), parce qu’il n’a pas joué au radical, lui qui a toujours privilégié la discussion, la persuasion et le consensus.

    Il n’a pas simplifié ses positions en petites phrases qui sont souvent aussi brillantes que creuses, disent-ils tous, parce qu’il a toujours cru que les Américains comprennent quand on leur parle sérieusement et en adultes responsables.

    Sans oublier deux autres caractéristiques, l’une particulière à ce débat, l’autre à tous les exercices du même style.

    D’abord, Mitt Romney a recentré ses positions et s’est une nouvelle fois contredit par rapport à ses discours de droite radicaux, ce qui a été malheureusement «oublié» par la plupart des analystes (on verra si c’est le cas des plus à droite des républicains!).

    Du coup, Barack Obama avait devant lui, d’un certain côté, un débatteur qui disait le contraire de ce qu’affirme le candidat, un exercice de style toujours difficile car si on se focalise sur cette supercherie, on devient vite celui qui agresse, ce qui est toujours mauvais en terme d’image.

    Ensuite, Mitt Romney, en tant que challenger n’avait pas à défendre un bilan ce qui est toujours plus facile car, sur quatre ans de gouvernance, on peut attaquer bien des points qui font controverse ou qui semblent être des faiblesses de son adversaire qui, lui, a été constamment au charbon.

    Nous verrons si Barack Obama change de tactique pour les prochains débats et ce qu’il dira de celui qui vient de se dérouler lors de ses prochaines réunions électorales.

    Quoiqu’il en soit, il faut bien comprendre qui est le vrai Barack Obama, celui qui se raconte dans ses livres, celui qui explique ce qu’il veut faire dans ses discours depuis dix ans, celui qui agit depuis quatre ans à la tête des Etats-Unis.

    On peut le critiquer pour ce qu’il est ou pour ce qu’il fait mais pas pour ses convictions.

    Il est profondément centriste et n’a jamais varié de ce positionnement qui est, pour lui, fondamental, afin de gouverner et réaliser son objectif, permettre à son pays de demeurer puissant et fort au cours du XXI° siècle grâce à un gouvernement bipartisan, c’est-à-dire dont les majorités sont fluctuantes au gré des questions abordées en non polarisées uniquement par l’appartenance à un parti ou à un autre au mépris des intérêts nationaux.

    Pour terminer, on ne peut que se féliciter du recentrage de Mitt Romney… s’il est réel.

    On évaluera son degré de sincérité dans les prochains jours et les prochaines semaines lorsqu’il va devoir s’en expliquer devant la base républicaine fortement teintée par les positions de droite extrême du Tea party, elle qui ne l’aime pas et se méfie de lui.

    Peut-être que nous aurons là une nouvelle preuve de la difficulté d’être centriste!

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Romney, du centre à la droite dure

    En annonçant son «ticket» avec Paul Ryan, Mitt Romney a finalement choisi son camp. Par sa décision de prendre le représentant du Wisconsin comme son colistier pour la présidentielle de novembre prochain, il a envoyé un signe fort à la droite dure du Parti républicain pour lui signifier son ralliement. Car Paul Ryan, désormais candidat républicain à la vice-présidence, est un militant de longue date de la fin totale de l’interventionnisme de l’Etat, de la réduction des déficits et de la protection des plus riches. Une de ses références idéologiques n’est autre qu’Ayn Rand, une écrivain égérie de la droite extrême qui prônait la fin totale de l’Etat et un laisser-faire où les plus forts et les plus riches seraient les gagnants. Paul Ryan est d’ailleurs un idéologue particulièrement apprécié par les partisans du mouvement Tea Party proche de la droite extrême. Et, selon les dires de la femme de Mitt Romney, Ann, son mari ne pouvait que choisir quelqu’un qui partageait les mêmes valeurs que lui. Dont acte. Mais si Ryan est très à droite, beaucoup plus que Romney il faut en convenir, contredisant malgré tout l’épouse du candidat républicain, ils sont tous deux des politiciens professionnels, peu en connexion avec le peuple. Paul Ryan n’a quasiment jamais travaillé dans le privé comme le rappelle le site Politico et nombre de républicains en sont inquiets comme ils le sont, à la fois, de son extrémisme et du fait qu’il soit un pur produit de Washington alors que le message de Romney est principalement de fustiger tout ce qui vient de la capitale fédérale… Il est, en outre, l’auteur d’un projet sulfureux de réduction des déficits publics tellement draconien et partisan (faisant payé la note aux plus pauvres et à la classe moyenne) que beaucoup de ses collègues républicains ont prix leur distance avec celui-ci même si la Chambre des représentants l’a adopté tout en sachant très bien que le Sénat à majorité démocrate le refuserait catégoriquement… Et s’il fallait encore prouver que Paul Ryan est un conservateur très à droite, signalons simplement que le choix de Romney a été applaudi par la frange la plus réactionnaire du Parti républicain comme la meilleure décision prise à ce jour par leur candidat à la présidentielle. Deux questions se posent maintenant. A quel type de campagne allons-nous assister et quelles sont les chances de victoire de Mitt Romney? A la dernière question, les réponses des analystes oscillent entre «plus aucune» et «une meilleure chance»! Evidemment, ceux qui sont proches des démocrates sont plus nombreux à prédire une défaite cuisante du candidat républicain. Néanmoins, on peut être étonné de ce choix qui va polariser un peu plus la campagne alors que tout le monde est d’accord pour dire qu’il faut s’attacher les «independents» (électeurs qui se disent ni démocrates, ni républicains et dont une grande partie se situent au centre) pour gagner. Pour être honnête, disons, qu’à l’opposé, certains analystes estiment que la clé principale du vote cette année sera plus de faire venir aux urnes les électeurs qui sont proches de vous que de convaincre les indécis, ce qui légitimerait ce choix clivant. Pour autant, sans la frange centriste de l’électorat, pas de victoire. Donc, après avoir rassuré sa base – et l’on comprend alors le choix de Ryan pour être vice-président – il faut avoir un discours rassembleur, tout ce que n’est pas le représentant du Wisconsin. De plus, avec ses projets de privatisation du programme de santé pour les plus âgés, il va faire peur (un récent sondage indiquait que 79% des Américains étaient contre toute mesure allant dans ce sens). Cependant, avec Paul Ryan, Mitt Romney a donné du contenu programmatique à sa campagne qui en manquait totalement. Se présentant comme le meilleur gestionnaire possible en ces temps difficiles, il n’avait que peu de mesures concrètes à proposer. Du coup, il était très vulnérable à toutes les campagnes démocrates qui s’attaquaient à sa personne. Avec Ryan, il peut espérer déplacer le débat sur les idées, même s’il risque alors un effondrement du type de celui de Goldwater – candidat républicain de la droite extrême aux élections de 1964 – qui permit à Lyndon Johnson d’être un des candidats les mieux élus de l’histoire des présidentielles américaines. Car en décortiquant les idées de Ryan, ce que les démocrates ne vont pas se gêner de faire, celles-ci vont apparaître comme très radicales. Et, entre le très et le trop, il n’y a souvent qu’un pas que franchissent assez souvent les électeurs…

    Alexandre Vatimbella

  • Centrisme, responsabilité des citoyens et populisme

    On parle beaucoup ces derniers temps de la nécessaire responsabilité des hommes et des femmes politiques et avec raison. Ceux-ci, dans une démocratie républicaine, se doivent de prendre des décisions justes et courageuses, qui plus est dans l’époque difficile que nous vivons, sans tomber dans le populisme facile. C’est la vision du Centrisme. Mais cela ne dispense pas les citoyens de leurs propres responsabilités. C’est aussi la vision du Centrisme.

    Si les politiques nous ont amené où nous en sommes, c’est aussi parce que les citoyens le souhaitaient. Croire que le monde politique vit en vase totalement clos et qu’il prend des décisions sans prendre le pouls des desideratas des citoyens est une incongruité, voire une stupidité.

    Toutes les élections passées ont confirmé que le choix des citoyens était de continuer à bâtir une société de plus en plus opulente quel qu’en soit le coût économique, sociétal, financier et environnemental (seul l’aspect social, avec le risque d’une remise en cause des droits acquis, pouvaient représenter un frein à cette fuite en avant).

    Rejeter, dès lors, la seule faute sur les politiques, en se défaussant à peu de frais de notre responsabilité de citoyens, au moment où nous nous trouvons au pied du mur, serait faire preuve de malhonnêteté intellectuelle et de lâcheté. Ce serait une auto-validation de nos comportements irresponsables.

    Pire encore, serait pour ces mêmes citoyens, dans une démarche encore plus irresponsable, de laisser empirer les choses en se tournant vers des extrémistes qui promettent tout et n’importe quoi comme c’est le cas avec le Front national ou le Front de gauche en France, le Tea Party aux Etats-Unis, les nationalistes britanniques ou finlandais.

    Pourtant, c’est une tentation forte.

    Or, le vote dans une démocratie représentative, ce n’est pas qu’un droit civique, c’est aussi un devoir moral dans le sens où l’électeur se doit de voter avec discernement pour son bien mais aussi pour celui de la collectivité. Le mouvement d’humeur n’est pas de mise s’il consiste à voter de manière irresponsable pour des irresponsables, soi-disant pour donner un avertissement à la «classe politique» dont, par un tour de passe-passe assez extraordinaire, ne feraient pas partie les extrêmes.

    Certains rétorqueront que c’est le seul moyen de se faire entendre, parlant de système bloqué. Ils oublient que tous ceux qui veulent participer à la vie de la cité peuvent s’investir dans des partis politiques ou des associations, militer pour leurs idées et convaincre les autres de leur justesse.

    La démocratie représentative n’est pas un système passif comme le croient beaucoup de citoyens. Selon eux, on met un bulletin dans une urne et puis on s’en remet totalement à ceux que l’on a élus.

    Il n’est pas question de parler de «mandat impératif» (l’élu doit absolument obéir aux désidératas de ses électeurs) qui n’a aucun sens. Mais il s’agit de contrôler l’action des élus, de faire entendre sa voix quand des décisions sont prises, de participer à la vie démocratique, d’être des citoyens éclairés et agissant.

    De même, c’est aussi se tenir au courant, comprendre dans quel monde nous vivons, analyser ce qui est possible ou non.

    Prenons un exemple. Les délocalisations qui font couler tellement d’encre ces dernières années. Bien sûr que les entreprises ont délocalisé pour avoir des coûts de fonctionnement moins élevé. Mais les citoyens y trouvaient aussi leur compte, eux qui réclament toujours des prix plus bas et des salaires plus élevés.

    Or si le coût de la main d’œuvre augmente, les prix aussi, mécaniquement (sauf en cas d’amélioration de la productivité ou d’innovations technologiques qui font baisser les coûts de production). Pour un certain nombre de produits, ce n’est qu’en produisant dans des pays à la main d’œuvre bon marché que l’on peut proposer dans nos hypermarchés des prix défiants toute concurrence.

    Les citoyens doivent donc faire des choix et ne pas réclamer le beurre et l’argent du beurre puis de critiquer ceux qui, par démagogie, leur ont assuré qu’ils pouvaient le faire sans se remettre également eux-mêmes en question.

    Cet examen honnête éviterait sans doute le poujadisme et le populisme. Et permettrait de se pencher sérieusement sur les problèmes pour trouver de vraies solutions, surtout à la mettre en place même si elles sont douloureuses. Quitte, alors, à congédier les mauvais représentants du peuple pour en mettre d’autres plus responsables et non moins…

     

    Alexandre Vatimbella

     

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